Page:Œuvres complètes de Saint Ennodius, évêque de Pavie, tome 1, 1906.djvu/124

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de la nature, il apprend à aimer le danger. Le maitre des savants, Virgile, qui a formé votre éloquence, rappelle comment un père excitait son jeune fils par ces mots : « Apprends mon fils, apprends de moi le courage »; et ailleurs: « Et ton père Enée... » (Aen. xii, 435, 440). Est-ce que cet enfant avait assez de vigueur pour se disposer à marcher sur l’heure au combat et son père le croyait-il capable de soutenir les guerres imminentes avec toute la valeur d’un homme? Assurément non, mais son héroïsme excité par les exemples qu’il avait dans le moment sous les yeux, mieux que par toutes les recommandations, attendait le complet développement de ses forces corporelles. Ceux qui ont étudié la nature racontent que les aigles, aussitôt que leurs petits à peine éclos, sont sortis de l’œuf, les présentent aux rayons du soleil et reconnaissent à l’épreuve de sa splendeur immense s’ils ont réellement les yeux de leur race. Accusera-t-on de cruauté la rigueur de cette épreuve, puisque, après tout, son choix est légitime et la sentence juste? Ils ne veulent certes laisser périr aucun de leurs petits, mais ils ne reconnaissent pas pour leurs aiglons ceux qui viennent à faiblir. N’est-ce pas avec raison que cette supériorité sur tous les oiseaux est considérée comme un gage de victoire? Maintenant donc, vous, ma douceur, poursuivez de si heureux débuts et, avec la grâce de