Page:Œuvres complètes de Saint Ennodius, évêque de Pavie, tome 1, 1906.djvu/126

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d’une offense : Puisque on me paie de la sorte, je n’ai qu’à persévérer dans mes errements. Les allégations que je suis forcé de produire ici, excellent Docteur, ne sont point contraires à la religion des amitiés. Je dirai même, pour parler un langage digne de ma vocation, que jamais je n’ai eu l’ingratitude de souhaiter que votre santé fut douteuse; bien plus, autant qu’il fut en mon pouvoir, j’opposai aux incommodités dont vous étiez menacé, l’efficacité de mes prières. Mais voici que la vivacité de votre esprit éclate dans cette page dont le mérite ne tient nullement à l’état de santé de votre corps et qu’illumine l’éclair de vos deux yeux. Est-il bien vrai, je vous le demande, qu’un nuage douloureux couvre vos yeux alors que vos vers sont si lumineux; lorsque vos paroles portent la lumière, votre vue peut-elle être mise en cause? Toute ma crainte est de paraitre trop avare à louer vos mérites. On a raison de vous attribuer le talent de donner des yeux à tout et d’éclairer, en y projetant votre lumière, les plus épaisses ténèbres des intelligences. Et vous croiriez par hasard que ce que vous donnez aux autres ne vaut rien pour vous? Chassez, je vous en prie, chassez de votre esprit ces soucis qu’a fait naître une inquiétude exagérée. Dieu fera que ce que vous perdrez du côté du corps vous le gagnerez du côté de l’âme en lumineuse clarté.

Lettre 20