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Page:Œuvres complètes de Saint Ennodius, évêque de Pavie, tome 1, 1906.djvu/82

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Adieu, cher seigneur, et si tu m’aimes, prouve-le moi par de fréquentes lettres, sans quoi je serais tenté de croire que les protestations d’amitié dont est rempli ton beau discours, n’étaient, comme il arrive souvent, que pour la pure forme.

Lettre 2

ENNODIUS A FLORUS

Il raille agréablement son ami et tout en l’accusant d’être la pire langue du monde, il relève ses talents.

Quelle dure besogne je me suis cherchée et de quel pesant fardeau j’ai chargé mes pauvres épaules lorsque j’ai commis l’imprudence de provoquer de l’aiguillon de mes paroles ta sublimité qui me laissait si heureusement en repos ! Ainsi l’on voit de faibles adolescents se jouer à irriter des bêtes féroces et rechercher par là un spectacle inoffensif, non un combat où leurs forces seraient inférieures.

Ainsi un esprit qui n’a pas encore l’expérience des luttes littéraires, recherche le combat tant qu’il est loin du péril. La rage du lion, la fureur des monstres que recèle la Lybie, sont, à mon avis, moins à redouter que tes coups de langue. A quel abime m’a conduit mon ignorance? Par quelle funeste aberration d’esprit ignorai-je ce que réservait à l’imprudent