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Page:Œuvres complètes de Saint Ennodius, évêque de Pavie, tome 1, 1906.djvu/83

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provocateur un homme qui d’ordinaire était le premier à lancer le sarcasme et ne souffrit jamais, dans cette sorte d’escrime, de tomber au second rang?

Toi, le clerc à coup sûr le plus virulent, toujours prêt à mordre à belles dents et dont la satire implacable n’épargne pas la vie la plus irréprochable; toi devant qui s’incline toute érudition et dont le mérite littéraire fait pâlir de son éclat celui de nos plus délicats dans le domaine du goût; j’ai commis l’imprudence inqualifiable, moi si faible, de te provoquer. C’était, je te le jure, de la meilleure foi du monde que sous l’éperon modéré de mes paroles j’excitai ta verve oratoire, tout comme j’aurais excité les vents à souffler, les fleuves à couler ou mon Faustus à parler avec éloquence. Sois indulgent, je t’en prie, pour mon insuffisance; soit, méprise ceux que tu crois portés volontiers à ce défaut d’aimer le silence; ne réponds point à leurs prévenances sinon par ton mépris. Accepte comme antagoniste sur ce terrain un champion d’origine sénatoriale Mais un gaulois comme moi n’a droit qu’à ton silence : c’est tout ce qu’il mérite. Prends garde, mon cher seigneur, de ne paraître t’abaisser en t’attaquant à plus faible que toi. Quel mérite y a-t-il à terrasser un adversaire déjà par terre, à triompher de celui qui s’avoue vaincu avant même d’engager la lutte? Je te prie quand même d’être auprès du