Page:Œuvres complètes de Saint Ennodius, évêque de Pavie, tome 1, 1906.djvu/85

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que Dieu exauce celui qui frappe à la porte avec insistance, sinon pour son mérite du moins à cause de son importunité. Que l’impiété, après cela, ne nous fatigue plus de ses discussions sans fondement : dans les périlleuses circonstances présentes je me porte garant de la fidélité du texte sacré. Une prière répétée m’a fait obtenir ce que je désirais; on a accordé à l’insistance de mes prières ce que l’on refusait à moi mérite personnel. O bienheureuses plaintes, combien vous m’êtes chères et précieuses puisque je vous dois de voir mes vœux exaucés! Bien que dans l’origine vous fussiez le cri sincère d’une vive douleur, souvent à l’avenir, puisque vous m’avez si heureusement servi, même lorsque je n’aurai rien à souffrir, je commencerai par vous employer.

Après avoir lu et relu votre lettre si douce à mon cœur, je vous rends grâce de ce que vous m’avez épargné le chagrin de rester longtemps sous l’empire de mes tristes appréhensions. Vous en avez agi de la sorte assurément dans mon intérêt et par affection pour moi ; mais j’attribue à mes péchés que, loin de calmer ces angoisses, votre lettre ne fait que les aggraver.

Il n’arrive qu’à moi de déconcerter ainsi toute prévision: c’est que je suis toujours porté à croire que, dans la peine, on me laisse ignorer ce qu’il y a de plus grave; on confie volontiers les chagrins moins sérieux et l’on garde sur un malheur imminent un silence que bientôt la nécessité obligera de rompre.