Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/136

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Comme de vains trésors rouler à mes genoux ?
Avec des mots de paix, avec des gestes doux
N’ai-je pas su chasser votre mauvais génie ?
Vers quel pays nocturne, ô prince d’Ionie,
Fuirez-vous les palais magiques et cléments
Et le rare jardin fleuri de talismans ?

Le Prince.
Ô mon Dieu ! je suis las de ma cour de folie !…

Tes chères mains ont fait le signe qui délie ;
Pourquoi suis-je captif des vieux enchantements ?
Je suis ton maître, et vers la gloire des amants
Nous marcherons sacrés de clarté liliale.
C’est pour moi qu’a fleuri la rose nuptiale
De tes lèvres, ô ma princesse, et c’est pour moi
Que mûrissait ta chair royale… Hélas, pourquoi ?
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La Reine des fées.
C’est moi qui mêle au bruit des lames et des vents

Une longue rumeur de clochers décevants.
Avec des cris, avec des chants, dans les nuits claires,
Des princes d’Orient sur de riches galères
Sont passés insultant la mer de leurs gaîtés.
Et des femmes parmi les candides clartés,
Penchant leurs seins impurs vers les vagues nocturnes,
Raillaient le deuil sacré des lueurs taciturnes.
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