Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/169

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chands, ayant jeté un dernier regard sur leurs bons vaisseaux à l’ancre dans le port pacifique, s’éloignent en haussant les épaules. Pourtant un docteur de la Loi a dit avec un sourire : « Maître, si tu es l’Envoyé de Dieu, montre-nous quelque signe. En vérité, ne pourrais-tu pas, selon le rite des prophètes, guérir les muets et les aveugles ? »

Il y avait sur le port un aveugle et un muet. Le prophète imposa ses mains sur leur front, et l’aveugle ouvrit les yeux, et le muet parla d’une voix claire. Le prophète demanda : « Est-ce un signe suffisant et voulez-vous me suivre ? » Mais la foule demeure immobile, l’aveugle hoche la tête et le muet s’écrie avec sa voix nouvelle : « Je ne te crois pas ! »

C’est pourquoi l’étranger étend sa droite confiante vers l’horizon maintenant plein de nuit et répète les mots sacrés de la Genèse : « Que la lumière soit ! » Et voici que dans l’Orient éclate une aurore printanière.

Inquiets, les docteurs de la Loi se rapprochent des savants. Cependant il n’y a pas un homme qui s’avance de la mer.

Alors, avec une tristesse d’ange vaincu, le grand étranger va s’asseoir rêveusement sur