Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/170

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les marches d’un temple ancien, devant les portes qui sont closes depuis des milliers d’années. La foule, peu à peu, se disperse, les savants et les docteurs désertent le port, et comme ils s’en reviennent ils se sentent moins troublés parce que la nuit naturelle est revenue. Seul Azahel est resté près du temple fermé et il contemple l’homme d’au delà. Si c’était vraiment l’Envoyé ? Oh ! le reconnaître, le saluer, le suivre vers la terre d’élection !… Mais l’esprit d’Azahel s’obscurcit de terrestres idées, et il peut seulement penser que cet homme est très beau à cause de sa haute taille et de ses regards de dieu.

Soudain le vieillard se lève et marche vers le poète : « Azahel, tu as aimé une vierge qui est morte. Je vais te la rendre. » Aussitôt, vêtue d’une robe funéraire, et sortant toute rose de la mort comme des fraîcheurs d’une mer matinale, une jeune femme apparaît. Rieuse et oublieuse des choses divines de la tombe, elle tend ses bras vers l’aimé.

Mais lui s’enfuit avec terreur à travers les rues silencieuses ; parmi les pylônes et les obélisques et les simulacres des dieux oubliés, il s’enfuit offusqué par le miracle comme un