Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’un de nous, n’oserait le tuer. Et toi-même, Maître, s’il fallait un meurtre pour sauver l’antique science des Mages, et les Livres, et les choses du ciel, frapperais-tu le roi ? »

Placidement, Halyartès répondit : « Non ! les dieux le défendent. Mais qu’importe ? ajouta-t-il ; puisque la mort de ce roi nous est nécessaire, il mourra. Les batailles lui seront heureuses. Les pestes l’épargneront. Les tigres lécheront ses pieds. Nul meurtrier, pas même moi, ne trouvera pour lui ni poignard, ni philtre. Soit ! Sachez pourtant qu’il sera plein de jeune force quand son heure viendra. Bien avant le temps où il accomplirait les prophéties, vous le verrez, vous, les Mages, délivrés des funestes étoiles, descendre dans l’ombre qui est ici. » Et l’initiateur, d’un ample geste de serment, montra le gouffre où l’on jette les cercueils.