Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jours ils se promenaient en parlant des sciences célestes parmi les prodiges des jardins ; seuls ils montaient dans la barque dorée que traînaient des cygnes soumis, et ils étaient seuls quand ils allaient errer, par jeu, dans le Verger-des-Trésors, planté jadis par les ancêtres du roi, dans le verger où, sur les ramures d’argent, tremblait depuis des siècles une durable rosée de perles.

Ce que disait le maître en ces promenades, nul ne le savait. Seulement des femmes qui vivaient dans le palais remarquèrent que Phërohil ne riait plus glorieusement comme les autres enfants. Quelquefois, dans la bonne quiétude du soir, Halyartès et Phërohil s’asseyaient sur un perron de marbre. L’heure était douce ; les ramiers et les paons cherchaient des grains parmi les gemmes éparpillées ; les gazelles familières qui vaguaient sur l’herbe bleue des pelouses semblaient paître de la clarté.

Alors le Mage lisait des paroles puissantes en un livre qui venait de loin, et l’enfant soupirait, délicieusement triste, et il tendait ses mains vers l’ombre comme s’il caressait le soir.