Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/187

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Des années s’enfuirent. Le jour vint où les fauconniers et les veneurs apportèrent à Phërohil, désormais en âge de chasser, l’arc royal. Très robuste, le jeune roi lança des flèches sûres qui s’enfoncèrent profondément dans des poteaux de cèdre. Pour l’exercer à tuer on lâcha dans l’air des éperviers et des gerfauts. Mais lui, laissant s’éloigner les mauvais oiseaux, jeta son arc silencieusement. Comme les esclaves poursuivaient de flèches les gerfauts envolés, le roi rentra dans le palais, et, ce soir-là, malgré les bouffons et les mimes, il refusa de sourire. Même, avant que le festin ne s’achevât, Phërohil sortit. Comme s’il ne pouvait plus longtemps garder un secret, il entraîna le Mage, et longtemps on les entendit parler en un murmure de confidence triste. Alors on vit une flamme de joie dans les yeux d’Halyartès, et pendant la nuit les veilleurs gardiens des terrasses aperçurent l’initiateur qui élevait vers le ciel une lampe d’argile, en signe d’action de grâces.

À partir de ce jour, très souvent, aux heures crépusculaires, Halyartès conduisit son disciple dans le Faubourg-des-Mendiants. Là, dans de fétides ruelles, parmi l’ordure des ruisseaux,