Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/199

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ploraient. Il se retourna. Et, pour la première fois proférant des menaces, il cria qu’il ferait mourir quiconque se hasarderait à le suivre.

Un grand tumulte d’épouvante s’était élevé à la fuite du roi. Le peuple, les soldats, les gens du cortège se mêlaient, se confondaient, poussaient des cris de stupeur, des gémissements, jetaient au hasard des questions, des conseils, des ordres. Bruyamment on entourait le char où gisait la reine immobile et froide et comme frappée d’une invisible flèche. Mais lorsque Phërohil fut entré sous les sombres ramures de la mauvaise route, un anxieux silence pesa sur la foule. Les soldats ne bougeaient plus, de peur d’entre-choquer leurs armes sonores, et les cavaliers retenaient leurs chevaux religieusement. Maintenant personne ne voyait plus le roi. Car la route noire faisait des coudes nombreux et se perdait, là-bas, derrière des bois. Mais à l’horizon, dans la pleine lumière, montaient les grands rochers funèbres ; et le Mage regardait de ce côté, sans impatience et sans angoisse, comme attendant un infaillible événement. Tout à coup, sur les âpres bords du gouffre, apparut l’étrange fugitif. Là-haut, dans la solennelle splendeur du