Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/209

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et des bruits tombés des étoiles lui apprenaient les choses divines. Pourtant il ne s’étonnait pas. Cette révélation lui semblait seulement un souvenir retrouvé et chaque idée qui entrait en lui était comme une exilée qui revenait. Il écoutait paisiblement et il lui semblait tout simple que ces enseignements lui fussent apportés par le vent comme des fleurs arrachées aux vergers de la nuit.

Mais quand les brises se taisaient enfin, une immense tristesse croissait dans l’âme de l’enfant. Après les paroles révélatrices que le vent lui apportait, il se sentait plus prodigieusement étranger. Un désir impérieux lui venait parfois de répéter aux autres ce qu’il avait appris de la forêt. Mais il devinait qu’il parlerait en vain et il se taisait douloureusement. Lorsqu’il revenait parmi ses compagnons, un étrange malaise l’oppressait. Chaque jour il s’attardait davantage dans la forêt, dans les pacages inexplorés. Tout un été, il vécut parmi les arbres. Il resta là, aimant et sauvage, regrettant ses compagnons et n’osant retourner vers eux. Des brumes souillèrent les crépuscules ; un long tressaillement triste agita les ramées ; les arbres se penchaient en arrière effarés et trem-