Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/210

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blants et comme cabrés de peur devant l’hiver en marche ; les troupeaux dans l’herbe rase s’amaigrissaient et ils bêlaient lamentablement vers la lune.

Un homme vint du village s’enquérir du pâtre attardé. Stellus lui confia sa douleur ; il le supplia de le laisser dans la forêt. L’homme écouta avec un air de comprendre. « Je vois ce que tu désires, dit-il enfin ; les prêtres ont dit que tu étais de race noble. Cela signifie sans doute que tu n’es pas fait pour être un pâtre. Va-t’en à travers le monde en quête de glorieux hasards. Sois soldat. » Stellus crut en cet homme. « Oui, pensa-t-il, peut-être serais-je bien parmi les soldats. » Étant monté sur une roche, il vit au loin dans la nuit les feux inquiets d’un camp. Il laissa les troupeaux et s’en alla par d’âpres sentiers vers les batailles. Les appels des sentinelles sur les collines guidaient sa marche ; des trompettes sonnaient là-bas, comme pour accueillir celui qui venait.

Son casque cimé d’un oiseau de cuivre, sous l’armure hérissée de clous, Stellus combattit avec la hache et le glaive. Il servait un roi conquérant dont l’armée s’avançait triomphalement, odieuse aux nations. Une telle haine