Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/238

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Enfin la ville apparut, blanche et rouge, et serrée autour d’un clocher carré. Quelque temps le train côtoya des falaises délicieusement caressées de soir. On arriva.

Le père Ruimond attendait à la gare. Grand et robuste, la barbe abondante, il était appuyé contre un pilier, avec un air de le soutenir. Comme pris d’une pitié pour son fils, svelte et frêle, il s’avança, l’aidant à descendre du wagon. Mais il parlait peu. Après le baiser de bienvenue, il entraîna Pierre. Ils partirent le long des rues calmes. Une tristesse très douce s’épandait sur la petite ville. Un lent angelus tombait d’un clocher, lourdement. Le père se taisait maintenant et le silence devenait pénible.

« Pourquoi, demanda Pierre, ma sœur n’est-elle pas venue ?

— Tu vas la voir. »

Le père avait dit cela d’une voix grave, un peu hésitante. Pierre s’inquiéta. Est-ce que Magdeleine était malade ? Est-ce que le père était fâché contre elle ?

« Non, non, ce n’est pas cela. Bientôt… tu comprendras. Entre, nous voici chez nous. »

La maison était vaste et vieille. La toiture débordait les murs, largement, et elle était