Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

formés. Il ne lui avait pas connu ce front bombé qui la faisait ressembler à une sainte de vitrail. Les yeux de la jeune fille, certainement, n’avaient pas autrefois cet éclat étrange. Non, il ne les connaissait pas ainsi, ces yeux clairs, d’une couleur imprévue et changeante, qui brillaient par moments d’une lumière un peu dure. Magdeleine avait en toute sa personne une sorte de charme amer et triste ; et dans ce charme même quelque chose surprenait. Ce n’était pas une grâce frêle d’enfant, une grâce aimante de femme. Son sourire parfois était tel qu’on se sentait immédiatement étranger à elle, très éloigné d’elle. Elle avait une certaine manière de regarder vers les coins d’ombre, qui faisait paraître l’ombre plus mystérieuse.

À la fin du dîner, Magdeleine se leva. Elle tendit le front à son frère, puis, avec une voix devenue plus douce, une voix de sœur caressante que Pierre n’espérait plus, elle lui dit :

« Je sais que cela t’a fait du chagrin de revenir ici…, beaucoup de chagrin. Mais je viendrai à ton secours. Repose-toi. Moi, je m’en vais… où je dois aller. »

Elle sortit très légèrement, et l’on entendit