Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/258

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Cependant l’homme de la banque est survenu, a présenté les billets, reçu l’argent. Il s’en va, là-bas, sur la place. Le Gâvre et Solane, debout près de la vitre, le regardent s’effacer dans le clair lointain ; ils ont un soupir d’opprimés qu’on délivre et il leur semble que cet homme emporte avec lui dans les rues qu’ils ne fouleront plus, dans la ville de peine qu’ils vont fuir, toutes leurs anciennes angoisses.

II

Élevés tous deux au même collège, Le Gâvre et Solane furent en leur âge d’étudiants de légendaires amis. Ils eurent même appartement, même bourse. Le Gâvre, très rapidement, se dégoûta du droit. D’ailleurs trop pauvre, il n’aurait pu vivre du métier d’avocat. Il connut des gens de bourse, fit des affaires. Il fut le spéculateur famélique, craintif, qu’on