Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/259

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

méprise et qu’on dupe. Pourtant, ingénieux et tenace, il gagna quelque argent et il sut ne point le risquer. Il s’empressa de fuir les hasardeux compagnons de ses spéculations. Il avait hâte de se réfugier en un métier plus sûr ; et par hasard il put acheter une boutique et commencer le commerce des bronzes d’église qui était alors fort lucratif. Pendant ce temps, Solane, étudiant en médecine, ne prenait nul goût à son métier. Dès les premiers cours de pathologie il fut troublé de peurs impérieuses qu’il n’osait avouer. Il croyait découvrir en lui toutes les maladies signalées par le professeur. Il regardait avec terreur ses livres de médecine, et le soir, surtout si Le Gâvre n’était pas rentré, il n’osait les ouvrir. Il s’intéressait aux affaires tentées par Le Gâvre, il lui demandait mille détails, par amitié d’abord, et puis pour distraire son esprit torturé par les terribles livres. La nuit, s’il ne dormait pas, il faisait effort pour penser seulement aux intérêts de son ami. Il se contraignait à redoubler de sollicitude pour fuir ses propres craintes. D’abord il avait trouvé ses terreurs ridicules, il avait essayé de se guérir par mille raisonnements. Surtout il avait caché à tous cette folie. Quand