Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/279

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avec le grand-père et le petit Joël, dans une ville, où, par hasard, quelques jours la Commune triompha. Des hommes ivres arrêtèrent le grand-père. D’une fenêtre, elle le vit marcher, frappé à coups de crosse ; il était parmi d’autres qu’on bousculait. Puis elle entendit un horrible bruit de fusillade ; vit au loin, sur la foule, de la fumée.

L’enfant écoula toutes ces choses comme il eût écouté des contes. Certes, les mots de guerre, d’émeute et de massacre ne lui étaient pas nouveaux. Il les rencontrait fréquemment dans ses livres d’histoire. Mais il considérait simplement l’histoire comme un singulier récit qu’il fallait connaître : cela ne correspondait pour lui à rien de réel. En ces livres, il s’agissait de Grecs, de Romains, de Mèdes, de Perses, de Francs et de Burgondes ; plus tard on lui avait parlé de chevaliers, de manants, de rois, de seigneurs. Tous ces Êtres, en son imagination, allaient, venaient, heurtaient des armes éclatantes, soufflaient dans des clairons d’or, se ruaient en des villes incendiées. Mais il avait toujours la sensation d’assister à de fictifs spectacles ; ces guerriers, ces princesses, ces rois, il n’avait jamais songé qu’ils fussent semblables