Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/98

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Suppliante.

Et pleure de me voir… Un seul jour ! Que t’importe ?
Puis il me verra fuir comme une étoile morte
Qui s’engloutit dans la tristesse de la mer.
Et son cœur gardera comme un parfum amer
Le souvenir mortel de ma lèvre illusoire.

Obéron.
Va ! mais garde ce cor d’argent pâle et d’ivoire.

Si l’enfant prisonnier de ta jeune splendeur
Troublait ton cœur sacré d’une mauvaise ardeur,
Si ton front rougissait d’une aurore charnelle,
Appelle-moi. Sinon tu seras l’éternelle
Exilée. À jamais, avec des sanglots vains,
Femme tu pleureras loin des palais divins.
Mais quand tu voudras fuir la honte de la terre,
N’importe où tu seras, dans le val solitaire,
Aux champs tumultueux, dans les bois endormis,
Sonne de l’olifant vers les astres amis.
Je viendrai t’emporter comme une belle proie
Vers les pays de rêve et de féerique joie.

Obéron disparaît.
Oriane.
Doriette, j’ai peur délicieusement.

Femme !… J’ai sous les pieds le grêle froissement
De l’herbe fraîche, moi qui volais dans la nue ;
Maintenant je me sens comme si j’étais nue