Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/184

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Il ne faut que remarquer qu’il y a deux manières dont l’homme recherche Dieu ; Deux manières dont Dieu recherche l’homme ; Deux manières dont Dieu quitte l’homme ; Deux dont l’homme quitte Dieu ; Deux dont l’homme persévère ; Deux dont Dieu persévère à [1][luy] faire du bien, et ainsi du reste.

Car la manière dont Dieu cherche l’homme lors qu’il luy donne les foibles commencemens de la foy, pour faire que l’homme luy crie dans la vue de son égarement : Seigneur, cherchez votre Serviteur[2] est bien différente de celle dont Dieu recherche l’homme quand il exauce cette prière, et qu’il le cherche pour se faire trouver. Car celuy qui disoit : Cherchez votre serviteur, avoit sans doute déjà esté cherché et trouvé. Mais parce qu’il sçavoit bien, luy qui avoit l’esprit de prophétie, qu’il y avoit une autre manière dont Dieu pouvoit le rechercher, il se servoit de la première pour obtenir la seconde.

Ainsi la manière dont nous cherchons Dieu foiblement, quand il nous donne les premiers souhaits de sortir de nos engagemens, est bien différente de la manière dont nous le cherchons, quand, après qu’il a rompu nos liens, nous marchons vers luy en courant dans la voye de ses préceptes.

Toutes ces choses-là, qui sont sans contestation, nous conduiront insensiblement à concevoir celles qui sont contestées.

  1. Leçon de G. — P : [leur].
  2. Psalm. CXVIII, 176.