Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/185

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Il y a de mesme deux manières dont l’homme persévère. La persévérance à prier et à demander simplement les forces dont on se sent dépourvu, est bien différente de la persévérance dans l’usage de ces mesmes forces et dans la pratique des mesmes vertus.

Ainsi il y a deux manières dont Dieu quitte l’homme comme nous l’avons desjà dit ; et ainsi du reste.

L’intelligence de ces différences éclaircit toutes les difïicultez et toutes [1]les contradictions apparentes, et qui ne le sont pas en effet, parce que des deux propositions qui semblent opposées, l’une appartient à l’une de ces manières, et l’autre à l’autre.

Car comme on peut considérer la justification de deux manières, l’une dans ses effets particuliers, et l’autre dans tous ses effets en commun, on en peut aussi parler de deux manières différentes. Qui doute qu’on puisse considérer la première lumière de la foy séparément, et les actions qui en naissent séparément ? Mais qu’on puisse aussi considérer et la foy et les œuvres en commun et comme en un corps, et ainsi en parler diversement, C’est ainsi que fait saint Augustin, lors que pour s’accommoder à ceux à qui il parle, il dit : On peut distinguer la foy d’avec les œuvres, comme on distingue dans le Royaume des Hébreux Juda d’avec Israël[2] quoy que Juda fût d’Israël.

  1. G. [ces].
  2. G. quoy… Israël, manque.