Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/186

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N’est-ce pas ainsi que saint Thomas, parlant de la prédestination gratuite, sur laquelle vous n’avez point de difficulté, dit qu’on la peut considérer, ou en [1]un commun, ou dans ses effets particuliers, et en parler ainsi en deux manières contraires ; en la considérant dans ses effets, on peut leur alléguer des causes ; les premiers estant les causes méritoires des seconds, et les seconds la cause finale des premiers ; mais qu’en les considérant tous en commun, ils n’ont aucune cause que la volonté divine ; c’est-à-dire, comme il l’explique, que la grâce est donnée pour mériter la gloire, et que la gloire est donnée parce qu’on l’a méritée par la grâce ; mais le don de la gloire et de la grâce ensemble en commun n’a aucune cause que la volonté divine[2].

Ainsi, si nous considérons la vie Chrestienne, qui n’est autre chose qu’un saint désir, selon saint Augustin[3], nous trouverons, et que Dieu prévient

  1. G. un, manque.
  2. Summ. I. p. quaest. 23, art. V. concl. : Dicendam est ergo, quod effectum prsedestinationis considerare possumus dupliciter. Uno modo in particulari : et sic nihil prohibet aliquem effectum prœdestinationis esse causam et rationem alterius, posteriorem quidem prioris, secundum rationem causée Jinalis, priorem vero posterions, secundum rationem causae meritorise, quse reducitur ad dispositionem materise ; sicut si dicamus, quod Deus prœordinavit se daturum alicui gloriam ex meritis. et quod prœordinavit se daturum alicui gratiam ut mereretur gloriam. Alio modo potest considerari prsedestinationis effectus in communi : Et sic, impossibile est quod totus prœ destinations effectus in communi, habeat aliquam causam ex parte nostra : quia quicquid est in homine ordinans ipsum in salutem, totum comprehendilur sub effectu prœdestinationis, etiam ipsa prœparatio ad gratiam, neque enim hoc fit nisi per auxilium divinum.
  3. In epist. Joh. c. 3, tr. IV, 6 : Tola vita Christiani boni, sanctum desiderium est.