Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/198

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
III[1]

On doit dire la mesme chose à ceux qui abusent des passages équivoques de saint Augustin, au lieu de les expliquer par les univoques. Je ne m’arresteray pas à ceux qui sont foibles, comme à ceux-cy : Jamais l’homme ne prévient Dieu ; et  : la bonne volonté de l’homme précède beaucoup de dons de Dieu (Aug. Enchir. cap. 32.), car il s’en explique trop clairement luy-mesme à l’endroit d’où ces dernières paroles sont tirées. La bonne volonté de l’homme précède beaucoup de dons de Dieu, mais non pas tous. Et elle est elle mesme entre ceux quelle ne précède point. Car l’un et l’autre se lit dans l’Ecriture : et « sa miséricorde me préviendra », et « sa miséricorde me suivra ». Il prévient celuy qui ne veut pas, pour faire qu’il veuille et il suit celuy qui veut, pour faire qu’il ne veuille pas en vain[2].

[3]La véritable cause de toutes ces différentes expressions est que toutes nos bonnes actions ont deux sources : l’une, nostre volonté, l’autre, la volonté de

  1. Ms. 12449, fos 727 à 733 ; publié par Bossut, Lettre… (2e section) pp. 423 à 432.
  2. Cf. cette citation de Saint Augustin, infra p. 197 sq.
  3. Rapprocher de tout ce développement l’écrit cité supra p. 128 sqq. ; les textes de Saint Paul cités ci-dessous s’y trouvent étudiés.