Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/199

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Dieu. Car, comme dit saint Augustin, Dieu ne nous sauve point sans nous ; et si nous voulons nous garderons ses Commandemens ; et il dépend du mouvement de nostre volonté de mériter et de démériter. De sorte que, si on demande pourquoy un adulte est sauvé, on a droit de dire que c’est parce qu’il l’a voulu ; et aussi de dire que c’est parce que Dieu l’a voulu. Car si l’un ou l’autre ne l’eust pas voulu, cela n’eust pas esté. Mais encore que ces deux causes ayent concouru à cet effet, il y a pourtant bien de la différence entre leur concours, la volonté de l’homme n’estant pas la cause de la volonté de Dieu, au lieu que la volonté de Dieu est la cause et la source et le principe de la volonté de l’homme, et qui opère en luy cette volonté. Dételle sorte, qu’encore qu’on puisse attribuer les actions, ou à la volonté de l’homme, ou à la volonté de Dieu, et qu’en cela ces deux causes semblent y concourir également, néanmoins, il y a celte entière différence, qu’on peut attribuer l’action à la seule volonté de Dieu, à l’exclusion de la volonté de l’homme ; au lieu qu’elle ne peut jamais estre attribuée à la seule volonté de l’homme à l’exclusion de celle de Dieu.

Car quand on dit que l’action vient de nostre volonté, on considère la volonté humaine comme cause seconde, mais non pas comme première cause ; mais quand on cherche la première cause on l’attribue à la seule volonté de Dieu, et on exclud la volonté de l’homme. C’est ainsi que St Paul