Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/201

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Qui ne croiroit qu’en cela St Augustin est d’accord avec Pelage ? Car cet hérétique n’a jamais rien dit de plus formel pour les forces de la liberté. Et cependant St Augustin trouve cette expression si équivoque, qu’il juge qu’elle peut avoir un sens [1]tout contraire à sa prétention : mais parce qu’elle est aussi capable d’un mauvais sens, il la retracte et la retouche en cette sorte en ses Rétractations, ch. 10. Que les nouveaux hérétiques Pelagiens ne pensent pas que cela les favorise : cela est entièrement véritable que tous les hommes le peuvent, s’ils le veulent, mais la volonté est préparée par le Seigneur, et est augmentée par le don de la charité : en sorte qu’[2][ils le puissent], ce que je navois pas dit en cet endroit, parce que cela n’y estoit pas nécessaire à la question. Par où l’on voit en passant, quand il est échappé à St Augustin des expressions de cette sorte, en des occasions où il n’estoit pas nécessaire de les expliquer, combien il est ridicule de détourner ces termes équivoques aux sens tout contraires à ses principes ; et l’on voit dans le fonds que le sens Catholique de ses parolles, qu’on peut garder les Commandemens si on le veut, est qu’au cas que le don de la Charité nous en donne le pouvoir.

Cet autre endroit est de la mesme sorte : Personne ne peut faire le bien s’il ne change sa volonté, ce que

  1. Bossut corrige en très conforme, mais il faut comprendre : a tout contraire à la prétention de Pelage. »
  2. Correction de Bossut. P : [il le puisse].