Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/202

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le Seigneur nous a appris estre en nostre puissance, lorsqu’il a dit : « ou faites l’arbre bon, et son fruit sera bon, ou, faites l’arbre mauvais, et son fruit sera mauvais. »

Voilà quelles expressions il faudroit prendre dans St Augustin pour l’accuser de contradiction, et non pas celle-là simplement :

Les Commandemens sont possibles aux Justes. Et cependant, qui ne voit que le mot de puissance est tellement vague, qu’il enferme toutes les opinions ? Car enfin, si l’on appelle une chose estre en nostre puissance, lorsque nous la faisons quand nous voulons, ce qui est une façon de parler très-naturelle et très familière, ne s’ensuivra-t-il pas qu’il est en nostre pouvoir, pris en ce sens, de garder les Commandemens et de changer nostre volonté, puis que dés que nous le voulons, non-seulement cela arrive, mais qu’il y a implication à ce que cela n’arrive pas. Mais si l’on appelle une chose estre en nostre pouvoir, lors seulement qu’elle est au pouvoir qu’on appelle prochain, ce qui est aussi une façon fort ordinaire d’employer le mot de pouvoir, en ce sens, nous n’aurons plus ce pouvoir que quand il nous sera donné de Dieu. Ainsi cette expression de saint Augustin est Catholique au premier sens, et Pelagienne au second. C’est ainsi qu’il en parle dans ses Retractations (liv. I. c. 22.). Cela n’est nullement contre la grâce de Dieu que nous preschons, car il est en la puissance de l’homme de changer sa volonté en mieux : Mais cette puissance est nulle si elle n’est