Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/203

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donnée de Dieu : Car puis qu’une chose est en nostre puissance, laquelle nous faisons quand nous voulons, rien n’est tant en nostre puissance que nostre volonté mesme ; Mais la volonté est préparée par le Seigneur. C’est donc de cette sorte qu’il en donne la puissance ; c’est ainsi qu’il faut entendre ce que fay dit après : Il est en nostre puissance de mériter ou la recompense ou la peine ; car rien n’est en nostre puissance, que ce qui suit nostre volonté, laquelle lors que Dieu la prépare jorte et puissante, la mesme bonne action devient facile, qui estoit difficile et mesme impossible auparavant.

Apres de si grands exemples, vous ne pouvez pas douter qu’il n’y ait aucune proposition semi-pelagienne qui ne soit aussi augustinienne.

C’est ainsi que saint Augustin n’est pas contraire à luy-mesme, lorsqu’ayantfait deux livres entiers pour montrer que la persévérance est un don de Dieu, il ne laisse pas de dire en un endroit de ses livres, que la persévérance peut estre méritée par les prières, car il est sans doute que la persévérance dans la justice peut estre méritée par la persévérance dans la prière ; mais la persévérance dans la prière ne le peut estre[1] ; Et c’est proprement elle qui est ce don spécial de Dieu dont parle le Concile ; Et c’est ainsi que la persévérance en commun est un don spécial, et que la persévérance qui peut estre méritée, est la persévérance des œuvres ; Ce qui

  1. Cf. Pensées, fr. 513, T. II, p. 408 et suiv.