Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/266

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Canon 21.

[Si quelqu’un dit que le juste ait le pouvoir de persévérer sans un secours spécial de Dieu, ou qu’il ne le puisse avec ce secours, qu’il soit anatheme.]

Voilà les deux seules décisions, dont l’une arrestant les conséquences de l’autre, elles ne peuvent ensemble qu’instruire solidement les fidèles : puisque faisant dépendre le pouvoir ou l’impuissance d’observer les préceptes, non pas de la capacité ou de l’incapacité naturelle des hommes, mais de la présence ou de l’absence de la grâce, il n’a ny trop élevé la nature avec les Pelagiens, ny trop abaissé la nature avec les Luthériens, mais establi le vray règne de la grâce dans les âmes, comme doivent faire les vrais Chrétiens.

Et elles ne font que confirmer ce que les Pères avoient établi depuis tant de siècles par ces saintes maximes :

Si Deus miseretur, etiam volumus : Si Deus tangit cor, homo prœparat cor ; Si audisset et didicisset a Patre, veniret (De prœdest. sanctor., c. 8)[1].

(De grat. Chr. c. 14)[2]. Quando Deus docet non per Legis litteram, sed per Spiritus gratiam, ita docet, ut quod quisque didicerit non tantum cognoscendo videat, sed etiam volendo appelât, agendoque perficiat.

  1. Ce sont là trois maximes séparées de St Augustin. La dernière seule est au passage indiqué ; la 2e se trouve au livre I. 2 ad Bonif.
  2. Texte cité dans la 'Trias, lib. III, c. 2, art. V, [p. 320].