Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/267

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(Lib. 2. Oper imperf. n. 157). Cum verô dut incrementum Deus, sine dubio credit et proficit.

Tunc ergo efficimur verè liberi, cam Deus nos fingit, id est, format et creat, non ut homines, quod jam fecit, se dut boni homines simus, quod nunc suâ gratia facit[1].

Toutes ces expressions des Pères, auxquels le Concile a rendu ces décisions conformes, nous montrent donc manifestement que les Justes peuvent accomplir les préceptes avec la grâce, et non pas sans la grâce ; qu’ils le peuvent, s’ils ont la grâce, et non pas s’ils n’ont pas la grâce ; qu’ils le peuvent quand ils ont la grâce, et non pas quand ils n’ont pas la grâce.

Et il y avoit lieu d’espérer qu’une si sainte doctrine etoufferoit pour jamais les[2] [erreurs opposées] de Luther et de Pelage, et toutes celles qui en pouvoient naistre, en retenant quelque chose de leur esprit :

Et néanmoins il est arrivé que ceux qui ont résolu d’establir, comme un article inviolable de la ioy, que tous les Justes ont toujours le plein pouvoir d’accomplir les Commandemens, n’ont pas esté retenus par des condamnations si manifestes ; ils les ont éludées par un artifice ridicule et impie, et qu’il faut mettre en évidence, pour en découvrir toute la malice, et l’exposer au jugement des fidèles. Voicy leur fondement.

  1. Aug. Enchir. de fide… c. 31.
  2. Ici un blanc au manuscrit ; les deux mots ont été ajoutés par un correcteur ancien.