Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/268

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Le Concile, disent-ils, décide bien à la vérité que les Justes n’ont pas le pouvoir de persévérer sans la grâce, mais il ne dit pas, à ce qu’ils prétendent, que cette grâce manque jamais aux Justes. Et sur le défaut de cette expression, ils ont pris sujet d’établir cette doctrine : Que cette grâce est toujours présente aux Justes, et que par ce secours ils ont toujours le pouvoir d’accomplir les Commandemens.

Ce n’est pas que le Concile ait jamais dit que cette grâce soit toujours présente, mais c’est seulement que n’ayant décidé, à ce qu’ils veulent, ny si elle l’est toujours ny si elle ne l’est jamais ny si elle l’est quelquefois, ils ont crû avoir la liberté de dire, sans blesser sa définition, qu’elle n’est jamais absente, et d’en conclure sans répugner à sa définition, que tous les Justes ont toujours ce plein pouvoir d’observer les Commandemens.

Que si on leur demande qu’ils prouvent leur sentiment, et qu’ils rapportent des passages exprés du Concile qui l’expriment, ils demeurent nécessairement dans le silence, mais ils prétendent qu’on ne peut au moins les réfuter, et croyent avoir assez fait de se cacher dans une obscurité qui oste à leurs adversaires les moyens de les convaincre, en s’ostant à eux-mesmes tout moyen de la prouver.

Et ce qui est admirable est que ne se contentant pas d’en demeurer dans ces termes de probabilité, et de tenir cette opinion comme soutenable, ils l’ont ensuite voulu faire passer pour estre le véritable sentiment du Concile et pour une vérité de foy ; et