Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/272

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ne le voulons pas, rien n’est tant en nostre puissance que nostre propre volonté ?

Et c’est en ce sens qu’il est véritable que tous les hommes ont le pouvoir d’accomplir les Commandemens, puisqu’il est assuré qu’il ne faut pour les observer que le vouloir : si vis, conservabis mandata[1].

Et c’est ce qui a fait dire à St Augustin que tous les hommes peuvent, s’ils le Aeulent, se convertir de l’amour des choses temporelles à l’observation des Commandemens de Dieu, sans que les Pelagiens puissent prétendre que cela soit dit selon leurs maximes. Parce, dit ce Père, qu’il est vray que les hommes le peuvent s’ils le veulent, mais cette volonté est préparée par le Seigneur.

Et c’est ce qui luy a fait dire ailleurs qu’il est dans la puissance de l’homme de changer et de corriger sa volonté, sans que cela blesse la grâce qu’il annonçoit, parce qu’il déclare que cette puissance n’est point si elle n’est donnée de Dieu : Parce, dit-il, que, comme une chose est dite estre en nostre puissance, lorsque nous la faisons quand nous le voulons, rien n’est tant en nostre puissance que nostre propre volonté ; mais la volonté est préparée par le Seigneur, c’est donc ainsi qu’il en donne la puissance. C’est ainsi qu’il faut entendre, continuë ce saint Docteur, ce que j’ay dit ailleurs : Il est en nostre puissance de mériter de recevoir les effets de la miséricorde de

  1. Aug. Retract. l. 1. c. 10 et c. 22. Cf. supra p. 185 sqq. et 199 sqq.