Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/289

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On ne peut révoquer en doute que s’il est véritable que les Pelagiens imposassent continuellement aux Catholiques qu’ils nioient le libre arbitre, et qu’ils tenoient l’impossibilité absolue des préceptes, de telle sorte qu’il y eust une nécessité inévitable qui forçast les hommes à pécher, ces seuls reproches ne fussent une raison suffisante pour obliger ces Saints Docteurs à réfuter ces erreurs, quand mesme elles n’auroient point esté soutenues par aucuns heretitiques, puisqu’il leur eust esté nécessaire de déclarer qu’il n’est pas impossible que les hommes observent les préceptes, pour fermer la bouche à ceux qui osoient leur imposer si injustement une créance opposée.

Et ainsi il suffira de monstrer que ces hérétiques fatiguoient continuellement les Pères de ces reproches, pour monstrer l’obligation qu’ils avoient de s’en défendre. Ce qui est fort facile.

Les Ecrits des saints Pères défenseurs de la grâce sont remplis de passages qui le tesmoignent. On y voit en toutes les pages avec quels termes outrageux ces hérétiques objectoient aux catholiques de nier le libre arbitre et de soutenir l’impossibilité invincible des Commandemens.

Ces Manichéens (dit Julian[1], en parlant des deffenseurs de la grâce) avec lesquels nous n’avons plus de communication, je veux dire tous ceux-là auxquels nous ne voulons pas accorder que le libre

  1. Aug. l. ad Bonif. c. 2 ; cf. le texte noté par Pascal, supra p. 123 sq.