Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/290

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arbitre est péri par le péché du premier homme, et que personne n’a maintenant la puissance de vivre vertueusement, mais que tous les hommes sont forcez à pécher, par la nécessité avec laquelle la chair les y contraint.

Ne falloit-il pas que Saint Augustin se défendist contre ce reproche, et qu’il repondist nécessairement qu’il tient qu’il n’est pas impossible que les hommes vivent vertueusement, et qu’ils ne sont pas dans une nécessité inévitable de pécher ?

Ainsi Julian disant ailleurs[1] :

C’est contre cette doctrine que nous sommes tous les jours occupez à nous défendre ; et la raison pour laquelle nous résistons à ces prévaricateurs, est que nous disons que le libre arbitre est naturellement dans tous les hommes, et qu’il n’a pu périr par le péché d’Adam, ce qui est confirmé par toutes les Saintes Ecritures,

Ne falloit-il pas que Saint Augustin declarast qu’il ne nie pas le libre arbitre, contre ces objections, et contre celle-cy de Pelage[2] :

Nous soutenons que cette puissance du Libre arbitre est dans tous les hommes généralement, soit Chrétiens, soit Juifs, soit Payens ; le libre arbitre est également dans tous les hommes par la nature (par ces paroles, il vouloit se distinguer d’avec les Catholiques, auxquels ils imposoient qu’ils le nioient), mais dans les seuls Chrétiens il est secouru par la grâce. (Et par ces dernières paroles, il vouloit

  1. Aug. ibid. c. 15 ; cf. supra p. 124.
  2. Aug. lib. de grat. Christi. c. 31 ; cf. supra p. 124.