Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/292

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Qui est celuy d’entre nous qui ait jamais dit que le libre arbitre soit péri dans les hommes par la chute du premier homme. Il est bien vray que la liberté est perie par le péché, mais c’est celle qui regnoit dans le paradis terrestre[1].

Et St Prosper[2] :

C’est errer de dire que le libre arbitre n’est rien, ou qu’il n’est point.

Et St Augustin, pour monstrer qu’il ne nie pas la liberté, quand il soutient la grâce[3] :

C’est, dit-il, une impertinence insupportable à nos ennemis de dire que par cette grâce que nous défendons, on ne laisse rien à la liberté de la volonté.

Et ailleurs[4] :

Car le libre arbitre n’est point osté, parce qu’il est secouru ; mais au contraire il est secouru, parce qu’il n’est pas osté.

Et dans le Livre De l’esprit et de la lettre c. 29[5] :

Est-ce que nous ruinons le libre arbitre par la grâce ? Qu’ainsi ne soit, mais au contraire nous l’establissons par là. Car le libre arbitre n’est pas anneanti, mais établi par la grâce. De mesme que la Loy par la foy.

Et saint Prosper, sur le mesme sujet, en l’Epistre à Demetriade[6] : Faudra-t-il craindre qu’il ne semble

  1. L. 1. ad Bonif. c. 2 ; cf. supra p. 124.
  2. Prosp. Resp. ad Capit. 6 Gall ; cf. supra p. 125.
  3. Cette première citation est de St Prosper, Epist ad Ruf., cf. upra p. 124 sq.
  4. Epist. 89, q. 2 ; cf. supra p. 125.
  5. Cf. supra p. 125.
  6. Cf. supra p. 125.