Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/293

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que nous osions le libre arbitre, quand nous disons que toutes les choses par lesquelles on se rend favorable, lui doivent estre attribuées ?

Et rapportant les paroles des Pelagiens par lesquelles ils se vouloient distinguer d’avec luy :

Les Pelagiens, dit saint Augustin[1], pensent sçavoir quelque chose de bien important, quand ils disent que Dieu ne commander oit pas les choses qu’il sçauroit que les hommes ne pourroient observer. Qui ne le sçait ?

Et ailleurs[2] :

Ils pensent nous opposer une chose bien pressante, quand ils disent que nous ne péchons pas si nous ne le voulons, et que Dieu ne commanderoit pas ce qui seroit impossible à la volonté de l’homme. Comme s’il y avoit quelqu’un parmy nous qui l’ignorast !

Et saint Jerosme[3] a eu de mesme à se défendre des mesmes argumens des mesmes hérétiques :

Vous nous objectez que Dieu a commandé des choses possibles. Et qui le nie ?

Vous avez accoustumé de nous dire : Ou les Commandemens sont possibles, et alors il est juste qu’ils soient donnez ; ou impossibles, et alors l’infraction n’en doit pas estre imputée comme un péché à ceux qui les ont receus, mais à Dieu qui les a donnez.

Et saint Augustin[4] :

Cela n’est pas véritable ; cela n’est point, vous vous

  1. Aug. de grat. et lib. arb. c. 15 et 16. Texte déjà utilisé supra p. 175.
  2. De pecc. merit. et remis, c. 3 ; cf. supra p. 121.
  3. Hier, ad Ctesiph ; cf. supra p. 126 sq.
  4. Aug. lib. II. de Nupt. et concup. c. 3 ; cf. supra p. 123.