Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/73

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point qu’on rapporte à la fin, pour la montrer toujours[1]. Chacune des lettres, chacun des dialogues dont se serait composée l’Apologie devait ainsi former un tout et se suffire à lui-même ; point d’examen préliminaire ni de discussion provisoire, chaque acte du drame devait conduire à la même conclusion : la vérité du christianisme intégral qui est le jansénisme, la nécessité de s’y convertir immédiatement avec son esprit, avec son cœur, d’y soumettre jusqu’à la discipline de son corps.

Ce serait donc compromettre également les Pensées que de les laisser dispersées à travers le chaos du manuscrit actuel, ou de les ajuster au cadre d’une restauration arbitraire. Il faut se résigner à un classement, et puis qu’il est inévitable, le choisir le moins mauvais possible. Or le moins mauvais en l’occurrence, n’est-ce pas celui qui est consacré par l’usage, celui de Bossut, complété par Havet ? Pour notre part, nous l’aurions accepté si nous ne nous étions heurté à une impossibilité matérielle. Afin de conserver le bénéfice de la concordance avec Bossut et Havet, il eût fallu respecter la fragmentation des fragments telle que Bossut l’avait pratiquée après Port Royal, publier en neuf tronçons le fragment 843, en dix tronçons le fragment 556 dont les manuscrits — et sur ce point la publication de M. Michaut a fait une lumière décisive — nous obligent à restituer l’unité. Entre l’arrangement de Bossut et les manuscrits, il n’y a pas à hésiter ; mais alors ces remaniements suppriment tout l’avantage matériel que nous attendions. À fortiori, nous ne pourrions, sans être infidèles au manuscrit, reprendre les divisions de Port-Royal et y répartir les

  1. Fr. 283.