Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923.djvu/116

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Champollion revenait bientôt à la charge dans un ouvrage paru deux ans après, et où il faisait cette déclaration :

« Il nous reste à comparer le royal poète avec ses contemporains et ses rivaux ; et le plus renommé de tous, celui qui usurpe réellement la place éminente qui appartient au duc Charles dans l’histoire littéraire de ce temps, François Villon se présente tout d’abord. En opposition parfaite avec l’esprit et le goût, le langage épuré et poli, la chasteté et l’exquise délicatesse des expressions, caractères éminents des poésies du duc Charles, on trouve dans celles de François Villon le langage rude et saccadé, un choix très étudié d’expressions à l’usage des classes infimes de la société, les oppositions les plus heurtées, un cliquetis de mots rudes et mal sonnants qui peuvent paraître tout d’abord donner quelque vigueur à ses pensées, et à sa poésie. Mais le cynisme qui s’y montre, les idées brutales que ses écrits expriment avec une indifférence qui n’a rien de philosophique, surtout les scènes triviales et burlesques racontées par François Villon, donnent à toutes ses poésies un cachet d’originalité, si l’on veut, de nouveauté, de singularité ; mais le mauvais goût dans le sentiment, dans les pensées et dans l’expression, le laissent bien au-dessous de son maître. Il est possible que Villon, doué d’une vive imagination, eût composé de meilleurs ouvrages s’il avait été mieux élevé. La différence des conditions, et dans ce temps-là elles étaient absolument distinctes, est peut-être à elle seule la cause de l’inégalité sen-

    Charles d’Orléans qui parut cette même année 1842, et qui déclare sans hésiter que Charles d’Orléans fut « le maître de Villon » (Introduction, p. i). Il ajoute : « Charles d’Orléans composa certaines de ses ballades avec une délicatesse de pensée et une perfection de langage que Villon n’atteignit jamais. » (p. ii)