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NOTICE BIOGRAPHIQUE

affreux durent se graver profondément dans l’esprit de l’enfant, et lui donner cette maturité précoce et ce sentiment toujours présent de la mort à un âge où on ne songe qu’à se laisser vivre, et qui transpireront dans ses vers.

Mais ce fut sa mère « la pauvre femme[1] » qui eut à supporter tout le poids de cette situation ; et l’on aime à penser qu’elle dut être aidée par des membres de sa famille, ses sœurs, sans doute, établies à Paris, et qui étaient dans une meilleure position de fortune. C’est Villon lui-même qui nous le donne à entendre quand il nous dit qu’un des siens s’apprête à le désavouer « par faulte d’ung peu de chevance[2] » ; et quand, en 1463, banni de Paris par un arrêt du Parlement, il suppliera cette Cour souveraine de lui accorder un délai de trois jours pour dire adieu aux siens et leur demander un secours pécuniaire, car, a-t-il soin d’ajouter.

Sans eulx argent je n’ay, icy n’aux changes[3].

Entre 1438 et 1440, alors que le jeune François était entre sa septième et sa neuvième année[4], il fut présenté à

    pièce a été publiée in extenso par M. L. Auvray dans le Bulletin de la Soc. de l’Hist. de Paris et de l’Ile-de-France, t. XVIII (1891), p. 84-87.

  1. Test., 872.
  2. Ibid., 184.
  3. Poés.div., XVI, 33.
  4. « L’aage d’enfance se fine a sept ans, et la commence le second aage que nous apellons enffance, en François, mais en latin puericia… Cest aage et ce non convient a l’enffant proprement quant il est hors du lait, et que il commence a entendre malice, et qu’il peut aprendre aucune chose, et estre en pooir dessoubz la verge. « Le Livre des proprietez des choses, fr. 1115, fol. 172 r° et v° (de l’édition de Lyon, 1482, 1. VI, ch. v, fol. k ie). — Cf. Jean de Courcy, Le chemin de Vaillance, dans la Romania, t. XXVII (1898), p. 586.