Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923.djvu/36

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De moy, povre, je vueil parler ;
J’en fus bdtu comme a ru telles,
Tout nu, ja ne le quiers celer.
Qui me feist maschier ces groselles,
Fors Katherine de Vauselles ?
Noël le tiers est, qui fut la.(T. 657-662.)

Cette Catherine de Vauselles l’avait, à l’en croire, dégoûté de l’amour honnête ; rien d’étonnant que, dans son dépit, il ait été chercher des compensations plus faciles auprès de la Grosse Margot et de ses émules. Une certaine Denise qui n’avait pas répondu à ses avances, avait encouru sa colère : il l’avait si méchamment « blasonnée » qu’elle l’avait fait ajourner devant l’official ; mais Villon qui nous fait cette confidence ne nous dit pas comment s’était terminée l’aventure. En somme, il semble, pour son malheur, avoir été de ces gens pour qui les femmes sont tout, sans réussir à provoquer chez elles la même réciprocité de sentiments. Peu avantagé de sa personne, mal vêtu, la bourse vide ou à peu près, sans doute timide de nature, il s’était vu tenir à distance par les femmes vers lesquelles il se sentait irrésistiblement attiré ; et il faut entendre ici les femmes honnêtes, trop souvent incapables de soupçonner les trésors de délicatesse qui se cachaient sous les dehors vulgaires du pauvre écolier. Et puis, un poète sans le sou n’a jamais dit rien qui vaille, surtout en ce moment où se manifestait, ainsi qu’il arrive d’ordinaire au sortir d’une crise terrible comme la Guerre de Cent ans où l’on avait si cruellement souffert, un besoin de plaisirs et de jouissances dont on avait été sevré depuis si longtemps.

Pendant les loisirs forcés que lui faisait la cessation des cours universitaires, Villon dut se livrer à la passion dont il s’était senti possédé de bonne heure pour le théâtre ; mais cette partie de sa vie nous serait à peu près fermée