Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923.djvu/81

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NOTICE BIOGRAPHIQ.UE 6$

de Paris, lui tît subir la question de l'eau à travers un linge ' et, sans pousser plus loin son enquête, le condamna à être « pendu et estranglé^ ». La situation était critique : Villon, sans se faire illusion, interjeta, à tout hasard, appel de la sentence au Parlement, et mit en mouvement toutes les influences dont il pouvait disposer. Il avait aussitôt été transféré, selon l'usage, à la Conciergerie du Palais. Mais, hanté par la pensée de la mort, et sous la vision du gibet qui semblait être alors bien près de lui, il composa sa fameuse ballade [des Pendus] où, avec une lucidité poignante, il demande avec une humilité chrétienne et un sincère repentir (si toutefois ce beau repentir n'était pas un effet de l'art) le pardon et la pitié des hommes, des frères « humains », et les prie d'intercéder pour lui et ses compagnons de potence auprès de la Vierge Marie et de son fils :

Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre 5 !

Passant ensuite de la note grave à la facétie bouffonne, il rédige un quatrain monorime et se rit, lui « né de Paris, empres Pontoise », de la corde qui apprendra à son cou ce que son « cuU poise » ! Aussi, quelle ne fut pas sa joie d'ap-

1. Poésies div., XVI, ballade [de l'appel]; cf. les Notes aux vers ii et 12 de cette pièce.

2. Cf. plus loin la note i, p. 66.

3. Poésies dit'., XUl.

4. Ce mot n'a revêtu le caractère nettement grossier qu'il a aujour- d'hui que depuis le xviil^ siècle :

Povre sens et povre mémoire M'a Diex donné, li rois de gloire,

Et povre rente, Et froit au cul quant bise vente

Rustchcuf, De la g riesche d'Yver (éàit. Kressner), p. 10, v. 10-15. François Villon. — I. $

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