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7 6 FRANÇOIS VILLON

soi-disant tels, débauchés et brutaux, se voyaient le plus souvent soutenus parleurs maîtres, aussi grossiers qu'eux ' . Le monde religieux n'oftrait pas un plus édifiant spectacle. A part de rares exceptions, les clercs réguliers et séculiers avaient les mœurs des laïques. Ils « suivaient » la taverne, les lupanars, les étuves, fréquentaient, comme on l'a vu, les sociétés les plus suspectes de rufiens et de voleurs et provoquaient l'indignation, d'ailleurs impuissante, des sermonaires du temps. Devant ce spectacle, Villon, quels que fussent ses méfaits, ne se sentait pas irrémédia- blement flétri, d'autant plus qu'il éprouvait, par instant, un réel regret de ses écarts de conduite. Mais l'amour du bien-être, de la vie facile, un prurit de sensualité que sa pauvreté ne lui permettait que rarement de satisfaire, le tinrent hors de la voie où il aurait pu, par un travail régu- lier, se faire une existence normale et réaliser, en somme, ce qui semble avoir été le rêve bourgeois de sa vie, bon souper, bon gîte... et le reste.

Par une aberration singulière, mais — après tout — qui s'explique, Marot s'était imaginé que si Villon « eust esté nourry en la court des Roys et des Princes, la ou les jugemens se amendent et les langages se pollicent », il « eust emporté le chappeau de laurier ». Marot jugeait d'après lui-même ; mais contrairement à ses prévisions, il n'est que trop certain que si ses souhaits à l'endroit de Villon s'étaient malheureusement réalisés, celui-ci n'eût composé que de petits vers boursouflés et vides dans la note banale et conventionnelle des poètes du temps, et comme il lui était arrivé d'en faire exceptionnellement lui-

I . Cf. mon étude sur Fausto Andrelini dans la Revue des bibliothèques, novembre-déc. 1904, p. lo etsuiv. du tirage à part; et la querelle épique de Girolamo Balbiavec Guillaume Tardif dans mon édition des Epistole et orationes R. Gaguini, t. I,p. 87 et suiv.

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