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EXAMEN DE l'œUVRE 8i

dire ' ! ^^ ; ou plutôt il ressent, à l'exemple de tous les vrais poètes, ce besoin invincible de décharger son cœur et de le donner en pâture à ses contemporains *. Œuvre par- faitement composée, où rien n'est laissé au hasard, mais dont l'art supérieur dissimule l'eftbrt au point de donner l'illusion d'une improvisation spontanée. Comme dans le LaiSy Villon part d'un foit personnel pour entrer /// médias Y es de son sujet.

Il est très vraisemblable que Villon a connu le Testa- ment de Jean de Meun, mais cette œuvre d'une portée générale et de formé impersonnelle n'aurait pu lui donner tout au plus qu'une vague indication pour la composi- tion de ses deux poèmes. Le Testament de Jean Régnier (1432) aurait pu lui fournir quelques traits, notamment en ce qui concerne l'ordonnance de ses funérailles; mais cette œuvre, si intéressante à plus d'un titre, était faite pour un groupe familial dont elle n'a pas dû sortir: on n'en connaît pas le moindre manuscrit, et c'est grâce à un heureux hasard qu'il en fut imprimé, en 1524, une copie dont on ne cite que quatre ou cinq exemplaires '. Il n'a donc pas dû lui ser-

1. Test., 728.

2. « Puisque c'est ton métier, misérable poète,

dit Musset avec un juste sentiment du destin invincible auquel obéissent les poètes ainsi doués,

Puisque c'est ton métier de faire de ton âme Une place publique, et que, joie ou douleur. Tout demande sans cesse à sortir de ton cœur...

Eh bien ! ce besoin qui pousse, comme Musset l'a dit ailleurs si magni- fiquement, le poète à offrir son cœur en pâture aux autres hommes, Villon est le premier qui l'ait ressenti, et c'est par là que son œuvre est surtout originale et qu'il mérite le nom de premier des poètes modernes.» (G. Paris, François Villon, p. 153).

3. Bibl. nat. Rés. Ye 1400. — Les Fortunes et adversité:^ de feu noble homme Jehan Régnier, escuyer (1524, mai). — Le Testament de Régnier,

François Villon. — I. 6

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