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Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome second, 1750.djvu/258

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Je n’ai pu découvrir le reſte du parti.
C’eſt à vous d’y penſer ; vous êtes averti.
Manlius vous trahit : c’était pour vous défendre
Qu’en armes dans ces lieux j’étais venu me rendre,
Et non pour vous punir de m’avoir outragé ;
En combattant pour vous je ſuis aſſez vengé.
Vous pouvez déſormais ou douter, ou me croire ;
J’ai rempli mon devoir et ſatisfait ma gloire.
Mes amis ſont tout prêts, vous pouvez les armer ;
Leur qualité n’a rien qui vous doive alarmer,
Vous les connaiſſez tous : ſongez au capitole,
Garniſſez l’Aventin, les portes de Pouzole ;
Il faut garder ſurtout le pont Sublicien,
Le quartier de Caton, et veiller ſur le mien ;
Car le plus grand effort de ce complot funeſte
Éclatera ſans doute aux portes de Préneſte,
Et mon palais y touche ; on peut s’y ſoutenir ;
Du moins un long combat pourra s’y maintenir.
Vous paraiſſez émus, et rougiſſez peut-être
D’avoir pu ſi longtemps me voir ſans me connaître.
Après tant de mépris, après tant de refus,
Tant d’affronts ſi ſanglants, dont vous êtes confus,
Aurais-je triomphé de votre défiance ?
Non, j’en ai fait ſouvent la triſte expérience,
On ne guérit jamais d’un violent ſoupçon ;
L’erreur qui le fit naître en nourrit le poiſon ;