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PARACELSE

la Manne, le Miel, le Sucre ou le Polypode ? Aucun des médecins. Le semblable appartient au semblable ; cependant, dans l’ordre de l’anatomie, rien de froid n’est donné contre le chaud ; rien de chaud contre le froid, mais seulement dans la ligne de l’anatomie. Ce serait une confusion dans l’ordre si nous cherchions notre santé dans les contraires ; de même que le père, auquel l’enfant demande du pain, ne lui donne pas un serpent pour du pain. Nous aurions donc un père dans le ciel qui nous aurait créés, et il nous donnerait des serpents à notre demande, au lieu de ce qui nous est nécessaire ! Ce serait certes une mauvaise médecine, que de donner de l’absinthe pour du sucre. C’est pourquoi, de même que l’on donne à l’enfant ce qu’il demande, et non du poison, de même l’on donne au fiel ce qu’il demande, au cœur ce qui lui convient, au foie ce qui lui est propre. Ceci doit être la colonne sur laquelle s’appuie le médecin, à savoir que, à toute anatomie, il administre ce qui lui convient par similitude. Car le pain que mange l’enfant a l’anatomie de celui-ci, et c’est ainsi son propre corps qu’il mange. Ainsi une médecine quelconque doit avoir l’anatomie de sa maladie. Il est bien difficile, à celui qui n’est pas très habile dans cette anatomie, de se rendre maître de la probité () ‘et de s’y maintenir. En vérité, ceci est facile à celui dont la probité est minime, et qui n’est ému par aucune infamie ou scélératesse. Et ceux-ci sont les ennemis de la lumière de la nature. Considérez l’œil dans la tête ; avec quel art admirable il est construit, et comment le corps moyen (medium corpus, ) a imprimé si merveilleusement son anatomie dans cette image, et y a introduit son goût. C’est de l’image et du goût que procède la connaissance de la médecine de cet œil.