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PARACELSE

ment. Ensuite, si les maladies surviennent, aie soin de disposer (componere, ) celles-ci dans l’une et l’autre transmutation. Et c’est ainsi que les recettes (recepta) doivent être établies et composées, et non à la manière des charlatans à longues ordonnances (agyrtae longis schediis)[1] de sirops, thériaques et autres, dans lesquels n’apparaît aucune anatomie, mais la pure fantaisie seulement.

Donc, n’est-ce pas avec raison que je me sépare de ce processus des héréditaires Recipe, comme on les appelle ? Oui, tout à fait avec raison. Car bien que beaucoup de vertus et de propriétés dans quelques-uns de leurs médicaments soient trouvées, qui peuvent même quelquefois faire recouvrer la santé (quoique souvent avec danger), cependant cet effet n’est produit par eux que parce que, fortuitement, ils ont coïncidé avec quelque Anatomie, ou bien qu’ils ont mélangé quelque principe fondamental pris à quelque médecin véritable et sincère, ce qui dissimule et voile leur théorie. Et alors ce principe essentiel est privé de sa dignité, tandis que les choses ajoutées et superflues s’en emparent et la conservent ! Et voilà quel est le magistère de ces hommes ! Combien vous errez bassement, vous qui avez donné à votre édifice un fondement de mousse, et que l’on est contraint chaque jour d’étayer, comme s’il pouvait servir de fondement terrestre et solide ! Assurément les étais sont remplis de sophismes et de flatteries, de caresses et beaucoup d’autres semblables ; et ceux-ci simulent, comme des bouffons, plusieurs manières

  1. Il y a dans le texte allemand : avec de longs Recipe thériacaux, sirops et autres semblables.