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PARACELSE

nous ne pouvons pas ici jeter les saints ; mais la foi nous sculpte (, sculpit) les saints, et, par sa force, elle jette dans la mer ce par quoi nous croyons. Et, de même que la foi sculpte et contrefait les saints, cette sculpture et cette contrefaçon sculptent et contrefont également ce qui jette les saints dans la mer. C’est de la que (proviennent) les images[1] de bois. Et, de même que le corps se comporte et joue[2] suivant sa fantaisie, la foi opère[3] également, et en forme ainsi une larve[4], de cette même puissance sancti-spirituelle (). Elle est jetée en nous, de la même manière que si tu prenais le chef de saint Denis, ou la roue de sainte Catherine, ou le crochet (, uncus) de saint Wolffgang[5], et si tu les jetais à un paysan à travers la figure. Car si de tels saints font les maladies non naturelles, il en est de même en cette circonstance. Car le corps et l’esprit de celui-ci, dans la foi, courent chaque fois l’un auprès de l’autre, et l’un est aussi bon que l’autre.

Qui donc voudrait ainsi contredire que, puisque la force que Dieu nous a donnée dans le corps terres-

  1. Bilder. Palthenius et Forberger ajoutent : statues.
  2. Braucht unnd Spilt. Palthenius traduit : ludit et gesticulatur.
  3. Possierts. Palthenius n’a pas compris le sens de ce terme qui vient du haut allemand : Posse, et signifie : former une effigie.
  4. Ce terme est, à peu près, l’équivalent du mot allemand : ein Geistgötzen, esprit idolâtrique. Palthenius traduit : Spiritale dolum, une fourberie spirituelle. Sa traduction est, d’ailleurs, inexacte en ce passage ; Forberger dit : statue spirituelle.
  5. Forberger ne mentionne pas le bâton de Saint Wolffgang, et a supprimé ce qui se rapporte à Saint Denys et à Sainte-Catherine.