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THÉOLOGICO-POLITIQUE.

Ce passage est destiné à éclaircir les versets 3 et 4 du même chapitre, c’est-à-dire à expliquer comment les enfants d’Hésaü, en occupant la montagne de Séhir, qui leur était échue en partage, ne la trouvèrent pas inhabitée, mais la conquirent sur les Horites, qui en étaient avant eux les possesseurs, à l’exemple des Israélites, qui après la mort de Moïse chassèrent et détruisirent le peuple chananéen. De même encore les vers. 6, 7, 8 et 9 du chap. x du Deutéronome sont une parenthèse ajoutée aux paroles de Moïse. Tout le monde reconnaîtra en effet que le vers. 8, qui commence par ces mots : En ce temps-là Dieu sépara la tribu de Lévi, etc., doit être rapporté au verset 5, et non point à la mort d’Aharon, dont Hezras ne parle ici qu’à cause que Moïse, dans le récit de l’adoration du veau, avait dit (voyez chap. ix, vers. 20) qu’il avait prié pour Aharon. L’auteur du Deutéronome explique ensuite le choix que Dieu fit, au temps dont parle ici Moïse, de la tribu de Lévi, et cela pour montrer la cause de cette élection et faire voir pourquoi les Lévites n’eurent point de part à l’héritage de leurs frères ; puis il reprend le fil de son histoire et la suite des paroles de Moïse. Ajoutez à tout cela les preuves qu’on tire de la préface du livre, et de tous les passages où il est parlé de Moïse à la troisième personne ; pour ne rien dire d’une foule d’autres passages qu’il est impossible aujourd’hui de reconnaître, mais qui ont certainement été retouchés par le rédacteur du Deutéronome, ou même ajoutés par lui dans l’intention de rendre plus claires, pour les hommes de son temps, les paroles de Moïse. Et certes si nous possédions aujourd’hui le livre même que Moïse a écrit, je suis convaincu qu’en le comparant à l’Écriture, nous trouverions de grandes différences, non-seulement dans les mots, mais même dans l’ordre et dans l’esprit des préceptes. Quand, en effet, je compare seulement le Décalogue du Deutéronome avec celui de l’Exode (où l’histoire du Décalogue a proprement sa place), je trouve qu’ils diffèrent de tout point : ainsi le quatrième pré-