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LVIII
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.

quelques endroits de celles qu’a données de Murr. Celles-ci sont probablement les premières que Spinoza ait écrites, et il est vraisemblable qu’il les copia plus tard, en les modifiant, sur un autre exemplaire destiné à un de ses amis. L’exemplaire de Kœnigsberg porte, en effet, sur la première page ces mots visiblement tracés de la main de Spinoza : Nobilissimo D° D° Jacobo Statio Kleimann, dono D. Auctor et nonrullis notis illustravit, illasque propria manu scripsit die 25 julii anno 1676.

Voyez encore sur ces notes marginales de Spinoza une récente publication que nous aurons à mentionner tout à l’heure à un autre titre : B. de Spinoza Tractatus atque adnotationes ad tractatum theologico-politicum. Edidit Ed. Boehmer Halee ad Salam, 1852.

Le Theologico politicus est le seul outrage de Spinoza qui ait été traduit en français jusqu’à ce jour. Encore est-il difficile de considérer comme une traduction véritable l’ébauche grossièrement infidèle attribuée par les uns[1] au médecin Lucas de la Haye, par les autres[2] au sieur de Saint-Glain, capitaine au service des états de Hollande.

Nous avons eu cette traduction sous les yeux en faisant la nôtre, et nous pouvons affirmer qu’il ne s’y rencontre pas une seule page sans erreur grave ou sans contre-sens.

Elle parut d’abord sous ce titre :

La Clef du sanctuaire, par un savant homme de notre siècle ; avec cette épigraphe : « Là où est l’esprit de Dieu, là est la liberté. (Épît. aux Corinth. chap. 3, vers. 17). Leyde, 1678, in-12, 531 pages.

On intitula ensuite cette traduction : Traitté (sic) des cérémonies superstitieuses des juifs tant anciens que modernes. Amsterdam chez Jacob Smith, 1678, ou bien : Réflexions curieuses d’un esprit des-intéressé (sic) sur les matières les plus importantes au salut tant public que particulier. À Cologne, chez Claude Emmanuel, 1678. Ce ne sont pas là trois éditions de l’ouvrage, mais une seule et même édition, où le premier feuillet seul est changé,

On trouve, à la fin du volume, des Remarques curieuses et nécessaires pour l’intelligence de ce livre. C’est là la première édition de ces notes marginales de Spinoza dont nous avons parlé ci-dessus, mais tellement défigurées par le sieur de Saint-Glain qu’on a de la peine, maintenant que l’original est publié, a le reconnaître dans cette Incroyable traduction.

III. L’orage excité en Europe par la publication du Théologico-poli-

  1. Brucker (Hist. crit. philos., t. IV, part. 2, p. 691) Reimann (Biblioth. catal. crit. p. 1029) attribuent cette traduction à Lucas, médecin de la Haye, ami de Spinoza et son biographe. Voyez sur ce point Bayle, Lettres, XXVIIe lettre, p. 119 ; et les Nouvelles littéraires, liv. X part. 1, p. 60.
  2. Nicéron (Mémoires pour servir à l’hist., etc., t. XIII, p. 46 sqq.) et Des Maiseaux (Notes sur les lettres de Bayle. Voir Bayle, Œuvres diverses, t. IV, lettre XXXIII) prouvent fort bien que la traduction dont il s’agit est du sieur de Saint-Glain, Angevin, auteur de la Gazette d’Amsterdam, qui abandonna le calvinisme pour se faire l’ami et le disciple de Spinoza. — Voyez Paulus, l. I, p. 13 sqq., et Th. de Murr, l. I.