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LIX
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.

ticus dégoûta Spinoza de plus rien donner au public. Ce ne fut donc qu’à sa mort que parurent l’Éthique, le Traité de la Réforme de l’Entendement, le Traité politique, les Lettres et la Grammaire hébraïque.

Il paraît que Spinoza avait d’abord écrit l’Éthique en hollandais ; il la mit ensuite en latin, probablement à l’époque où il voulut la donner au public[1] ; mais il renonça bientôt à ce dessein[2] et l’ouvrage ne parut qu’en 1677, quelques mois après sa mort, par les soins de l’imprimeur Rieuwertz, d’Amsterdam, à qui Spinoza fit remettre en mourant le pupitre qui contenait ses papiers[3]. Deux amis de l’illustre mort, Louis Meyer et Jarig Jellis, surveillèrent la publication de ses écrits posthumes ; Jarig Jellis en composa la préface, que Meyer mit en latin[4]. L’ouvrage portait ce titre : B. D. S. Opera posthuma, quorum series post præfationem exhibetur ; 1677, sans autre indication. Ces Opera posthuma sont l’Ethica, le Tractatus politicus, le Tractatus de emendatione intellectus, et enfin le Compendium grammatices linguæ hebreæ, ouvrage de peu d’intérêt, même, à ce qu’il paraît, pour les hébraïsants.

Il est important et en même temps difficile de fixer la date précise de la composition de l’Ethica. Un point certain, c’est qu’en 1675, l’ouvrage était entièrement terminé, puisque, dans une lettre à Oldenbourg (du 5 juillet 1675), Spinoza lui marque l’intention où il est de publier un Tractatum quinque partitum[5], qui ne peut ête que l’Ethica[6], et nous voyons par une autre lettre, à Oldenbourg[7], que Spinoza se rendit à Amsterdam[8] (le 22 juillet 1675) tout exprès pour y faire imprimer son livre. On trouvera dans cette dernière lettre les raisons qui le détournèrent de ce dessein. Déjà il s’était opposé de toutes ses forces[9] à ce qu’on publiât une traduction en hollandais du Theologico politicus. Ce n’est pas que Spinoza fût indifférent à la gloire, mais il mettait deux choses au-dessus d’elle, la liberté et le repos. On sait quelle était sa devise : Caute, et il y fut toujours fidèle, non sans doute dans la spéculation, mais dans la vie[10].

Un second point incontestable, c’est qu’avant 1675, Spinoza avait communiqué l’Éthique, en tout ou en partie, à plusieurs de ses amis, à Oldenburg[11], à Simon de Vries[12], à Louis Meyer[13], à d’autres encore.

  1. Voy. Opp. posth. Epist. XVIII. Comp. ibid. Epist., XLVII.
  2. Voyez Opp. posth. Epist. XIX ; Lettre VI de notre traduction.
  3. Voyez Colerus, Vie de Spinoza.
  4. Voyez de Murr, Adnot. ad Tract., p. 14.
  5. Opp. posth. Epist. XVIII.
  6. Il est à peine utile de faire observer ici qu’à ce moment le Tractatus theologico politicus était publié depuis cinq ans.
  7. La XIXe des Opp. posth., la VIe de notre traduction.
  8. Il habitait alors la Haye. Voy. Colerus, Vie de Spinoza.
  9. Opp. posth. Epist. XLVII.
  10. Voyez Th. de Murr, Adnotat. ad Tract., cum Spinozæ sigillo et chirographo.
  11. Voyez la Lettre I.
  12. Opp. posth. Epist. XXVI.
  13. Opp. posth. Epist. LXIVLXXII. Lettres XXIXXXXVII de notre traduction.